La Petite Ceinture de Paris est une ancienne ligne de chemin de fer à double voie de 32 km de longueur qui faisait le tour de Paris à l'intérieur des boulevards des Maréchaux. Ouverte progressivement de 1852 à 1869, elle a d'abord eu pour but de permettre à des trains de marchandises de contourner Paris puis s’est ouverte aux voyageurs, offrant alors un service circulaire à travers les quartiers périphériques de la capitale. En 1900, elle assurait la desserte de l'exposition universelle et transporta plus de 38 millions voyageurs ! Délaissée par les Parisiens au profit du métro, elle ferme en 1934. Laissées en friche, envahies petite à petit par une dense végétation, elle possède aujourd’hui une atmosphère particulière et une biodiversité unique à Paris. Depuis peu, une nouvelle portion vient d’être transformée en coulée verte, ouverte au public, située entre la rue Didot et l’avenue du Général Leclerc. Encore sauvage, elle offre un vrai dépaysement au rares visiteurs qui s’y aventurent.
LA PETITE CEINTURE – 14ème
Ouvert en 1845 dans le prolongement du passage des Panoramas et lié au Musée Grévin dont la sortie débouche sur l’une de ses allées, le passage Jouffroy doit aussi sa renommée au fait que c’est alors un modèle d’innovation. C’est en effet le premier passage à être entièrement construit en métal et en verre (excepté les éléments décoratifs réalisés en bois) mais aussi à être chauffé par le sol. Il porte le nom de Félix de Jouffroy-Gonsans, propriétaire des terrains sur lesquels la voie fut ouverte, il a retrouvé, depuis la fin des années 80 son lustre d’antan grâce à une rénovation complète, jusque dans le dallage d’origine.
PASSAGE JOUFFROY – 10/12 boulevard Montmartre 75009 Paris
La Mouzaïa est un site unique à Paris. Si d’autres lieux de la Capitale semblent verdoyants, ils font pâle figure à côté de cette poignée de petites rues en pente où la végétation luxuriante envahit la moindre clôture, chaque pan de mur, jusqu’à faire une haie d’honneur aux dessus des voies pavées ! Ici, tout est calme, paisible, tranquille. Aucun commerce, aucun service, uniquement des maisons, plus ou moins cossues, plus ou moins « rafraîchies », mais formant un tout d’un charme exquis ! A l’instar du parc des Buttes Chaumont, ce mythique quartier a vu le jour sur les pentes escarpées des carrières de gypse. Les maisons de taille modeste (un rez-de-chaussée, un étage, rarement deux) qui y furent bâties à la fin du XIXème répondaient à un impératif de stabilité et étaient destinées, à l’origine, à une population aux revenus modestes. Un faible apport et un crédit à long terme (jusqu’à 50 ans) donnant ainsi l’opportunité de s’offrir un sympathique coin de verdure dont l’attrait n’a fait que croître avec le nombre des années !
QUARTIER DE LA MOUZAÏA 75019 Paris
La rue Saint Denis n’est pas forcément une adresse à laquelle on penserait spontanément pour flâner ou faire du shopping. Et ce serait sans doute une erreur, surtout aux abords du numéro 145 où se situe le Passage du Grand Cerf. En lieu et place d’un hôtel du même nom se trouve aujourd’hui un magnifique passage couvert entièrement restauré à la fin du XXème siècle, où le glamour côtoie l’exotisme et le vintage. Le tout dans un univers élégant et aéré. Dommage que son voisin, le Passage du Bourg Labbé, de l’autre côté de la rue Saint Denis, ne soit pas aussi attirant. Endormi et à moitié abandonné, il mériterait de retrouver son lustre d’antan dont seules subsistent les deux cariatides de sa façade.
PASSAGE DU GRAND CERF – 145 rue Saint Denis 75002 Paris
Presque entièrement occupée par des hôtels aux façades élégantes, cette rue en angle construite en 1825 sous le nom de « Passage Montmartre » prit le nom de Cité Bergère en 1842. Le compositeur Frédéric Chopin résida un temps au n°5 de cette rue paisible et le 1bis abrita dès 1887 le premier établissement de la Compagnie d’Éclairage Électrique dirigée par Edison qui permet à Paris de « briller » lors de l’exposition Universelle de 1889 !
CITÉ BERGÈRE – 6 rue du Faubourg Montmartre 75009 Paris
Plus intimiste que son voisin des Panoramas, le passage Verdeau n’est pas pour autant dépourvu de charme. Son charme suranné, ses boutiques intemporelles recèlent des trésors. Il suffit de prendre le temps de chiner pour découvrir la perle rare…
PASSAGE VERDEAU – 6 rue de la Grange Batelière 75009 Paris
Difficile d’imaginer que ce passage, -qui doit son nom aux deux tours monumentales culminant à plus de 20 mètres de haut qui l’encadraient et sur lesquelles se déployaient des toiles peintes-, fut au XIXème siècle l’un des plus chics de Paris avec ses boutiques de luxe et ses élégants cafés. S’il est aujourd’hui devenu bien plus « populaire », ce premier lieu public de la ville doté de l’éclairage au gaz en 1817, demeure un lieu très agréable pour un déjeuner, une expertise de timbres ou juste flâner…
PASSAGE DES PANORAMAS – 11 boulevard de Montmartre 75009 Paris
On peut passer devant sans s’en rendre compte, tant il est discret, mais ce serait dommage. Ce petit passage privé est une parenthèse enchantée à deux pas du turbulent Boulevard Sébastopol. On y pénètre sur la pointe des pieds pour ne pas déranger les riverains et les commerçants qui y coulent des jours paisibles, installés au milieu d’arbustes, plantes verdoyantes et lierres envahissants. Si vous avez le temps, passez la porte de Pep’s, et rencontrez Monsieur Millet, le seul fabricant/réparateur d’ombrelles, parapluies et parasols parisien ! Il a beaucoup d’histoires à raconter. Ce passage, l’un des plus anciens de Paris, doit son nom à l’enseigne de l’auberge « Au grand Saint Pierre » qui était en forme d’ancre. Son propriétaire y entreposait les premiers fiacres publics au milieu du XVIIème siècle parmi lesquelles on trouvait ceux de la Marine Royale.
PASSAGE DE L’ANCRE ROYALE – 30 rue de Turbigo 75003 Paris
Situé le long de l’église Saint Vincent de Paul, l’immeuble du 9 rue Fénélon est une ode au travail de la céramique. Construit en 1858, il a abrité l’atelier de François Gillet, inventeur d’un procédé de réalisation de décor polychromes sur lave émaillée et sa façade affiche, en médaillons de célèbres céramistes tels que les français Bernard Palissy et Ferdinand Morteleque ou encore l’italien Luca Della Robbia tandis que deux frises retracent l’histoire du travail du verre, de l’émail et de la céramique.
9 RUE FÉNÉLON 75010 Paris
C’est surprenant le nombre de sites qui ont vu le jour à Paris grâce à des matériaux provenant des expositions universelles. Ainsi les 29 chalets blancs à pans de bois de la Cité Fleurie dans le 13ème (à ne pas confondre avec la Cité des Fleurs dans le 17ème) proviennent du pavillon de l’Alimentation de celle de 1878 ! Comme son nom ne l’indique pas, elle était dédiée aux artistes qui furent nombreux à l’occuper. Parmi eux Auguste Rodin, Amadeo Modigliani, Paul Gauguin, Antoine Bourdelle, Aristide Maillol ou encore Eugène Grasset (initiateur du style 1900),… Pour résister aux promoteurs prêts à la remplacer par une série d’immeubles, les riverains se sont mobilisés dès les années 70 , et, en 1994, la cité est partiellement inscrite au titre de monuments historiques. Une plaque apposée à l’entrée rappelle que ce lieu est d’autant plus unique qu’il a abrité entre 1934 et 1939 la Deutsche Freiheitsbibliothek fondée par des écrivains allemands anti-hitlériens afin de sauver des livres proscrits par l’Allemagne nazi et cela avec l’aide d’écrivains français.
CITÉ FLEURIE – 61-67 Boulevard Arago 75013 Paris
Le 13ème n’est pas connu pour être un arrondissement particulièrement bucolique et pourtant… A deux pas de la rue Brillat Savarin se trouve un îlot de verdure, une poignée de rues aux noms de fleurs (Iris, Glycines, Orchidées, Liserons,…), que seuls les flâneurs et les personnes averties connaissent. Ici, avant 1928, un ancien pré régulièrement inondé par la Bièvre, rendait le site impropre à la construction d’immeubles. A la place, de petites maisons de ville ont poussé ; le lierre, les arbustes et les rosiers ont pris possession des lieux et depuis, la vie s’y écoule, douce et sereine.
CITÉ FLORALE –Via rue Brillat Savarin 75013 Paris
Au tournant du XXème siècle, les artistes parisiens délaissent Montmartre pour Montparnasse. A cette époque, tandis que la Closerie des Lilas et la Coupole connaissent leur heure de gloire, tout près de là, un ancien chemin de terre, -renommé Rue Campagne Première par son premier propriétaire, Alexandre Camille Taponnier, nostalgique de sa 1ère campagne militaire en 1793-, devient le lieu de prédilection de futurs illustres peintres, écrivains et autres sculpteurs… Sur les 266 mètres de long de cette petite rue tranquille située entre les boulevards du Montparnasse et Raspail, c’est l’effervescence ! Jamais on n’a vu autant d’artistes au m2 ! Pour preuve, le n°9, compte, à lui seul, plus d’une centaine d’ateliers derrière son imposante porte cochère ! Créée par l’architecte Taberlet avec des matériaux de récupération provenant des pavillons de l’Exposition Universelle de 1889, cette « Cité des artistes » comme l’appellent ceux qui l’occupent depuis la fin du XIXème a ainsi vu passer Giacometti, Kandinsky, Picasso, Max Ernst ou encore Rainer Maria Rilke. L’autre illustre numéro est bien sûr le 31/31bis. Ici, une œuvre monumentale, tout droit sortie de l’imagination de l’architecte André-Louis Arfvidson attire l’attention sur cette rue insolite dès la sortie du métro Raspail. Ce fastueux immeuble, d’inspiration à la fois Art nouveau, Art déco et Style international propose, dès 1911, de spacieux appartements en duplex aux artistes fortunés à la recherche d’espaces confortables. Sa surprenante façade aux revêtements en grès polychrome est l’œuvre du céramiste Alexandre Bigot, spécialiste du genre à qui l’on doit celle du Céramic Hôtel, avenue de Wagram (8ème) et l’église Saint Jean de Montmartre, rue des Abbesses (18ème). Dans cet immeuble, primé au concours des façades en 1911, se sont succédés, entre autres, le photographe Man Ray, le costumier de cinéma Youri Annenkof, le peintre Chaïm Soutine et le sculpteur César. A quelques numéros de là, au n°3, on pouvait croiser, au début des années 1900, le peintre Amedeo Modigliani, dont le voisin du n°7 n’était autre que le sculpteur animalier François Pompon. Au n°5, Louis Aragon et Elsa Triolet vécurent dans un atelier de 1929 à 1935. Le dessinateur Bernard Naudin séjourna au n°13, le peintre Nicolas de Staël au n°13bis et Yves « Le Monochrome » Klein au n°14. Stanley William Hayter installa quant à lui au n°17, un atelier de gravure fréquenté par des artistes du monde entier et le père de la photographie « documentaire » Eugène Atget vécut au n°17bis.Le n°23, actuel siège de la Société de Psychanalyse Freudienne, abritait l’atelier du peintre Léonard Foujita. Enfin, au n°29, l’hôtel Istria, dont les clients se nommaient Marcel Duchamp, Raymond Radiguet, Kiki de Montparnasse ou encore Erik Satie, fut l’un des témoins privilégiés de cette effervescence artistique unique, qui persiste encore aujourd’hui dans les ateliers de la rue Campagne Première.
RUE CAMPAGNE PREMIÈRE 75014 Paris
Rue Réaumur, il y a ces monumentaux ateliers/lofts dédiés à l'univers de la mode. De véritables défis architecturaux qui traversent les époques sans prendre une ride ou presque. Et puis, au 61-63, le néo-gothique se mêle au roman et à l'Art Nouveau, dans un enchevêtrement de mosaïques et de sculptures, pour donner lieu à un immeuble cathédrale sans commune mesure, fruit de l'imagination débridée de deux architectes du début du XXème siècle : Edouard Singery et Philippe Jouannin ! A première vue, l'étroit corps central donne l'illusion d'un portal d'église médiéval ! Au dessus, des représentations des signes du zodiaque encadrent de superbes vitraux, tandis que des visages sculptés illustrent les saisons. Au sommet, la rosace gothique est figurée par une horloge monumentale décorée de 12 mosaïques évoquant chacune, un mois de l'année. Si vous en avez l'occasion, n'hésitez pas à pousser la porte pour jeter un oeil discret à l'intérieur de cet immeuble d'habitation, les boiseries de l'escalier et des parquets sont absolument magnifiques.
61-63 RUE RÉAUMUR 75002 Paris
Si cette enseigne, disparue en 1995, n’évoque rien aux plus jeunes, elle a laissé son empreinte dans certains quartiers parisiens, avec 2 bâtiments aux architectures monumentales : le 1er, boulevard de Sébastopol, et le 2nd, à l’angle des rues de Rennes et Blaise Desgoffe dans le 6ème. Cela fait plusieurs années qu’on espérait que ce qui fut successivement l’hôte des magasins Tati puis Zara, renaisse de ses cendres. Après 1 an de travaux, c’est enfin chose faite et cet immeuble de 6 étages, richement décoré dans le style Art Nouveau a retrouvé tout son lustre d’antan ! Ce grand magasin, qui fut le premier à être édifié en béton armé, proposait lors de son inauguration en 1904, un « service de cuisine pour la ville » avec son rayon traiteur, un salon de photographie qui se situait à l’entresol, des magasins d’approvisionnement et de vente au public, des bureaux et des logements. Le tout dans un agencement savamment étudié, ordonné et aéré pour une circulation facile, sans oublier le tapis roulant qui permettait d’accéder au salon de thé. Malheureusement aujourd’hui tout cela a disparu. Seuls subsistent, son architecture extérieure unique, agrémentées d’arcades de forme Art Nouveau au rez-de-chaussée ainsi que de cartouches revêtus de mosaïques indiquant les services proposés par l’enseigne, de balcons à balustrades supportées par des consoles de stylisation florale , ainsi que de mosaïques qui ornent le Campanile, réalisées par un atelier vénitien et dont l’éclairage a été refait « comme à l’origine » pour permettre la diffusion des lettres « Felix Potin » en ombre chinoise, la nuit venue.
IMMEUBLE FÉLIX POTIN - 140 rue de Rennes 75006 Paris
S’il y a bien un endroit à Paris où il ne nous viendrait pas à l’idée de nous balader, c’est bien le Boulevard de Strasbourg et de Sébastopol. Polluée, bruyante, grondante,… cette artère qui mène de la place du Chatelet à la Gare de l’Est fourmille pourtant de pépites architecturales et de belles surprises au détour de ses passages, si on se donne la peine de prendre son temps et de lever les yeux !
BOULEVARDS DE SÉBASTOPOL ET DE STRASBOURG 75003 & 75010 Paris
La rue Guénégaud est une petite artère de 190 mètres de long qui commence Quai de Conti et se termine rue Mazarine. Percée à partir de 1641, dans les jardins de l’Hôtel de Nevers, elle prit le nom de l’hôtel qu’Henri de Guénégaud (1609-1676), ministre et secrétaire d’Etat, fit construire en 1648, entre elle et la place de Conti actuelle. Bien qu’étroite, il ne faut pas hésiter à s’y engouffrer car elle réserve quelques surprises charmantes.
RUE GUÉNÉGAUD 75006 Paris
Jusqu'en 1863, on l'appelait rue Saint-Denis car on l'empruntait pour se rendre à l'abbaye du même nom. Elle est tellement abrupte qu'on ne pouvait, à l'époque, la parcourir qu'à pied ou à dos d'âne ! C’est à cette forte déclivité qu’elle doit son nom, hommage au massif du Mont-Cenis situé dans les Alpes du Nord !
RUE DU MONT CENIS 75018 Paris
Je pensais que seules les arches de la coulée verte égayaient ce quartier proche de la Gare de Lyon. Grossière méprise ! Il suffit de mettre un pied rue Crémieux pour s’en rendre compte. En l’espace d’un instant, on se retrouve à Portobello Road, ou sur l’ile de Burano ! 35 petites maisons à deux étages, peintes aux couleurs chatoyantes vous accueille pour un dépaysement garantie le long de leur voie piétonne. Levez les yeux et tentez de prendre sur le fait un chat bondissant d’un rebord de la fenêtre pour attraper l’oiseau qui sort de son nichoir, appréciez les détails du lilas chatoyant qui grimpe le long d’une façade vert pomme, sans oublier les fresques qui remplacent les fenêtres, au bout de la rue. Autant d’œuvres artistiques inspirées, distillées avec goût, qui offrent à notre flânerie un petit air d’ailleurs, hors du temps.
Et si vous êtes vraiment perspicace, un souvenir de la grande crue de janvier 1910 vous attend au numéro 8 !
RUE CRÉMIEUX 75012 Paris
Au 18ème siècle, la rue du Faubourg Saint Antoine était le pré carré des ébénistes, menuisiers, verriers, tapissiers et autres façonniers. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, mais ils ont laissé une trace de leur passage à travers de nombreuses cours pittoresques, à découvrir au gré de ses « presque » deux kilomètres. Pour cela, il faut être curieux, pousser les portes cochères et laisser la magie faire le reste. Vous ne serez pas déçu !
COURS DU FAUBOURG SAINT ANTOINE - Rue du Faubourg Saint Antoine 75011 Paris
A l’instar de l’hôtel particulier du 14 rue Vaneau à quelques dizaines de mètres de là, la maison-atelier du 9-11 rue de Chanaleilles est l’œuvre de l’architecte PC Dusillion qu’il édifia pour lui-même de 1842 à 1868. Ici, un bâtiment de plain-pied jouxte un édifice de plusieurs étages. Sur la base d’une architecture simple et ordonnée, il a intégré un décor très riche de frises de feuillages, de fines colonnettes, de mascarons pittoresques, de culs-de-lampe figurant naïades, satyres, dragons, chauves-souris, angelots et chimères. Ces détails hommages à l’architecture en vogue au temps des Valois est associée à plusieurs rappels de son auteur à travers les initiales C et D.
9-11 RUE DE CHANALEILLES 75007 Paris
Devant le 14 de la rue Vaneau dans le 7ème vous allez faire un saut dans le temps. Jusqu’au début du 19ème siècle ! Ici l’architecte PC Dusillion et le sculpteur Molknecht ont réalisé en 1835 une œuvre unique devant laquelle il faut prendre le temps de se poser, histoire de ne louper aucun des petits détails que la composent. De nombreuses boiseries, moulures, bas-reliefs ornent la façade de cet immeuble de style néorenaissance. Par exemple, le portrait en médaillon sur le fronton rend hommage à Philibert Delorme, architecte d'Henri II (auteur des plans du palais des Tuileries entre autres) et à l'étage supérieur, la formule « Bona aedificatio tres habet conditiones : comoditatem, firmitatem et delectationem » est inspirée de Vitruve (architecte romain du 1er siècle avant JC) et appelle qu’« une bonne architecture requiert trois conditions : la commodité, la solidité et l’agrément » !
14 RUE VANEAU 75007 Paris
Si l’on se contente de longer l’immeuble du 26 rue Vavin (Paris 6), on ne remarque rien, mais en levant les yeux, on découvre une bâtisse de 6 étages qui n’est autre que la première construction parisienne à gradins, dont les étages supérieurs, en retrait, forment des balcons qui offrent une belle luminosité naturelle aux appartements et confèrent une élégance singulière à cet ensemble au revêtement en grès blanc. A l’origine de cette bâtisse hors du commun, deux architectes philanthropes, Henri Sauvage et Charles Sarazin, qui, en 1912 décidèrent de créer des logements « hygiéniques » aux foyers modestes et lutter ainsi contre la tuberculose qui faisait des ravages à cette époque. (Ceci expliquant la présence de carrelage blanc sur la façade et les murs des parties communes pouvant être « lavés à grande eau »). Sauvage et Sarazin avait tout prévu pour faire de ces logements, des lieux où il faisait bon vivre : terrasses arborées, commerces au centre de l’îlot, intégration de salles de sports et d’escrime, de bibliothèques et d’ateliers d’artistes dans les parties communes mais aussi dans chaque appartement. Malheureusement, la philanthropie faisant rarement bon ménage une fois confrontée à la réalité économique, l’immeuble qui devait initialement compter entre 9 et 10 étages,-telle une pyramide-, se contenta de 6, nulle salle de sport ne vit le jour à l’intérieur des logis et les acquéreurs et habitants se révélèrent être finalement des bourgeois (qui flairèrent l’investissement avisé) plutôt que des ouvriers ! Cela étant, Sauvage et Sarazin croyaient tant à leur concept qu’ils le firent breveter ! Mais seul un autre complexe donnant à la fois sur les rues Hermann-la-Chapelle et des Amiraux (Paris 18), a vu le jour à la fin des années 20, intégrant une magnifique piscine style Art Déco, entièrement rénovée et ré-ouverte au public à la fin de l’année dernière.
26 RUE VAVIN 75006 Paris
Située entre la très chic rue Bonaparte et la bourdonnante rue de Rennes, la discrète rue Madame, telle une lady, sur sa réserve, tout en retenue, est une élégante artère de quelques centaines de mètres qui mérite qu’on la parcoure en prenant son temps. Au fil des numéros, découvrez de magnifiques façades, subtilement ouvragées, dont les porches agrémentés d’ouvrages en ferronneries d’art offrent au regard, toute la splendeur de l’architecture du 19ème ; admirez la boutique-atelier d’Antoine de Macédo, horloger spécialiste des pièces de haute horlogerie ; appréciez la façade colorée de briques et de céramique du lycée Maximilien Vox & perdez quelques minutes à enrichir votre culture littéraire en furetant entre les rayons de la librairie Le Pont Traversé, spécialisée dans les livres rares et d’occasion depuis 1949…
RUE MADAME 75006 Paris
Il est à Paris un endroit où la joie est de mise, où ont fleuri successivement bals, guinguettes et théâtres : c’est la rue de la Gaîté, la bien nommée. Ici, tous les 10 mètres surgit un théâtre, comme autant de promesses de soirées réjouissantes et adaptées aux goûts de chacun : La Gaîté Montparnasse, ouvert en 1868, qui a vu passer, bien avant Jérôme Commandeur, des artistes tels que Colette ou encore Maurice Chevalier ! Le théâtre Montparnasse qui possède la particularité d’avoir une grande et une petite salle (Petit Montparnasse). Bobino, dont le nom rappelle celui d'un clown-marionnettiste du XIXe siècle et qui fut longtemps la principale salle de spectacle de la rive gauche consacrée à la chanson. Après avoir fermé ses portes et le bâtiment rasé, le célèbre music-hall a su renaître de ses cendres en 1991 et offrir depuis une large programmation allant du théâtre au one man show en passant par les concerts et les comédies musicales ! La Comédie Italienne, seul théâtre italien de France qui jusqu’à l’année dernière présentait uniquement des pièces d’auteurs italiens classiques et contemporains mais a malheureusement interrompu sa programmation cette saison, faute de moyen… Le théâtre Rive Gauche, ancien cabaret puis cinéma, qui opte pour une programmation contemporaine, plusieurs fois récompensés aux Molières. Et si cela ne suffit pas à trouver votre bonheur, poussez jusqu’à l’angle avec le Boulevard Edgard Quinet, vous y trouverez le théâtre Edgar dans lequel a joué Coluche !
RUE DE LA GAITÉ - 75014 Paris
Qui l'eut cru ? Au 154 de la trépidante avenue de Clichy dans le 17ème se cache un havre de paix niché le long d'une voix privée portant le nom enchanteur de Cité des Fleurs. Petit coin de verdure qui n'est pas sans rappeler certains quartiers bucoliques de Londres. Ces 230 mètres de tranquillité ont vu le jour grâce à l'idée ingénieuse de 2 propriétaires qui, en 1847 décidèrent de diviser leur terrain respectif en 2 lots identiques et se faisant face. 50 ans plus tard, la Cité des Fleurs voyait le jour sur la base d'une convention qui en régissait les moindres détails : largeur de la chaussée, hauteur des habitations, éclairages… jusqu'à l'obligation de planter au moins 3 arbres à fleurs dans chaque jardin ! Rien n'a changé depuis lors et c'est tant mieux ! Bonne ballade !
CITÉ DES FLEURS - 75017 Paris
On ne sait que peu de chose de cet immeuble de style Art Nouveau si ce n'est qu'il est l'oeuvre du prolifique architecte Paul Auscher à qui l'on doit l'édifice Felix Potin de la rue de Rennes ! S'il est passé inaperçu pendant plusieurs années, c'est que jusqu'au ravalement de 2016, le bleu de ses motifs avait passé et était devenu quasiment indétectable. Il trône aujourd'hui fièrement à l'angle de la rue Mario Nikis !
112 TER AVENUE DE SUFFREN 75015 Paris
N’est-ce pas le comble de la reconnaissance que de voir une avenue baptisée de son propre nom de son vivant ? Et bien tel fut le cas du comte Patrice de Mac Mahon, 1er duc de Magenta, maréchal du Second Empire et 3ème président de la République française ! Cette artère, qui part de la place de l’Etoile pour aboutir avenue des Ternes affiche une richesse architecturale remarquable et on ne peut plus variée : Art déco au numéro 17, surréaliste et outrageusement chargé au 29… Sans oublier l’incontournable cinéma du même nom, rendez-vous des cinéphiles avertis, qui a ouvert ses portes en 1938 ; la très raffinée Maison Albar Hôtel ou encore cet étrange chalet au numéro 18 bis et qui n’est autre qu’une crèche construite en 1897 et toujours en activité ! Pour la petite histoire, c’est au numéro 12 bis que la môme Piaf a été découverte par Louis Leplée, gérant d’un cabaret à la mode, et qui lança sa carrière…
AVENUE MAC-MAHON 75008 Paris
Le long de cette avenue, qui ne présente pas grand intérêt, se cache le lauréat du concours des façades de la ville de paris, édition 1905 ! Coincé entre deux imposants Haussmanniens, cet immeuble de style Art Nouveau au numéro 34, passerait presque inaperçu si sa façade recouverte de grès flammé, réalisée par le céramiste Alexandre Bigot, -dont les travaux furent récompensés par un grand prix à l’exposition Universelle de 1900- ne représentait à elle seule une véritable œuvre d’art. En collaboration avec le très inventif et inspiré architecte Jules Lavirotte (à qui l’on doit l'inclassable immeuble du numéro 29 de l’avenue Rapp, cf album 7eme arrondissement). Pour l'apprécier à sa juste valeur, il faut se planter devant, scruter chaque détail et ainsi ne rien manquer de cet enchevêtrement floral qui grimpe le long de la façade, s’attarde sous les balcons, court aux abords des fenêtres… Le regard se lève et s’émerveille.
CÉRAMIC HÔTEL - 34 avenue de Wagram 75008 Paris
La porte de Bagnolet n’est pas à priori un lieu de villégiature ! Et pourtant, il suffit de gravir l’envolée de marches qui nous attend à la sortie du métro pour quitter le tumulte de la capitale et prendre un bol d’air frais, au calme, en flânant le long des rues de la Campagne à Paris. Cette cité bucolique bâtie au début du 20ème siècle pour offrir à une population ouvrière un accès à la propriété et de meilleures conditions de vie, abrite une poignée de pavillons nichés au coeur d’un îlot de verdure. A découvrir sur la pointe des pieds !-)
LA CAMPAGNE À PARIS - 210 rue des Pyrénées 75020 Paris
En plein cœur de Montmartre et pourtant à mille lieues du tumulte de la Butte, la Villa Léandre est une impasse pavée tranquille, bordée d’élégantes maisons au style anglo-saxon. Un lieu qui semble figé dans le temps mais dont l’histoire est riche en rebondissements !…
VILLA LÉANDRE - 23 ter avenue Junot 75018 Paris
En 1835, Marie Joseph Charles de l’Escalopier, historien et collectionneur fantasque se fait construire un hôtel particulier de style troubadour au milieu de ce qui n’est alors qu’un coin de campagne. Un projet insensé dans lequel il installe des plantes exotiques (grâce à l’installation de serres chauffées), un gymnase, un musée d’orfèvrerie médiévale et une bibliothèque abritant plus de 5 000 ouvrages. Le rêve d’une vie qui malheureusement ne lui survivra pas puisqu’il sera démoli à sa mort en 1882 ! Mais comme une histoire ne vaut que par ses rebondissements un antiquaire, Ernest Eymonaud rachète les sculptures et fait bâtir sur le même site son propre hôtel particulier de style néo-gothique dont on peut admirer la tour à deux étages ! Un lieu étrange et magique que l’on ne peut admirer qu’avec parcimonie -puisqu’il est habité-, pendant l’été et les journées du patrimoine ! Cela étant, même depuis la rue, la vue est saisissante et l’imaginaire fait le reste !
MAISON DE L’ESCALOPIER – Impasse Marie Blanche 75018 Paris
De l’architecte Jules Lavirotte on connait le Céramic Hôtel avenue de Wagram dans le 8ème. En 1901, il remporte le prix des façades de la ville de Paris grâce l’immeuble qu’il a réalisé avenue Rapp. Une évidence ! Il suffit de se poster devant le numéro 29 pour en être convaincue ! Du rez-de-chaussée jusqu’au 7ème étage chaque centimètre carré de la façade est un véritable travail d’orfèvre : fleurs, animaux, motifs, personnages,… s’exposent en grès, struc, pierre,… L’Art Nouveau dans toute sa flamboyance ! Une œuvre d’art qui doit également sa magnificence au talent d’Alexandre Bigot, dont les céramiques recouvrent l’ensemble de la bâtisse dont il était alors le propriétaire.
IMMEUBLE LAVIROTTE – 29 avenue Rapp 75007 Paris